Les boucheries
(...) «Bientôt l'homme des champs amène la victime;
Aux cris de l'animal, on s'empresse, on s'anime:
La mère avec transports rôde de tous côtés,
Polit la table ronde et le vase argenté,
Tandis qu'en son fauteuil la bonne aïeule assise,
Prête l'oreille au bruit du couteau qui s'aiguise,
Et sourit aux enfants qui célébrant leur jeu,
D'un bûcher mal construit alimentent le feu.
Dix jeunes marcassins, au groin assez agile,
S'avancent, sont chassés, reviennent à la file,
Et par les sons aigus de leur gémissement,
Semblent se lamenter du sort de leur parent.
Soudain le villageois frappe la bête impure;
Le sang, à bouillons noirs, ruisselle de sa hure,
Découle dans le vase, et suivant les apprêts,
Sous des doigts ménagers forme d'excellents mets,
Qui mêlés avec art rehaussent la gogaille.
La victime s'étend sur le bûcher de paille,
Sur son corps l'eau bouillante est versée à grands seaux;
Les plus légères mains font glisser les couteaux
Qui du grognon défunt enlèvent la dépouille; (...)
Joseph Mermet (1775-1828)
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